Demain l'Agriculture en Sologne (Français)

Comité de Jumelage de Neung sur Beuvron

 

WILLITON                                                     

NEUNG SUR BEUVRON                                    

WULFTEN AM HARZ

 

Échange du 12 au 18 avril 2011

Thème l'Agriculture

 

Rapport des participants

 

 

Thème l'Agriculture - ce thème fut choisi pour être dans la continuité des 2 précédentes fois, après le thème à Wulften am Harz en 2009 « Développement socio-économique du Harz », et après celui à Neung sur Beuvron en 2010 sur le « Développement socio-économique de la Sologne ». En 2010, nous avions déjà abordé les changements que vivent les exploitations agricoles – nous avions convenu d'explorer cette facette du sujet plus en profondeur en 2011.

 

Ce thème était un bon choix, en effet tout le monde était intéressé beaucoup de questions furent posées. C'est normal – il s'agit d'un sujet dont tout le monde parle en ce moment – et chacun a donc une opinion.

 

Centre E. Leclerc à Romorantin-Lanthenay – Rencontre avec monsieur Laurent Lompech, « responsable produits frais » et monsieur Alain Robert, cultivateur et président de l'association « de chez nous » : Le hypermarché Leclerc à Romorantin-Lanthenay était un des premiers en France à créer une association régie par la loi 1901, voici 5 ans, avec une trentaine d'agriculteurs locaux et les directeurs de cet hypermarché. Sans toutefois être de la vente directe par les paysans producteurs, ce dispositif ne relève pas non plus de la distribution classique, dans laquelle le magasin acquiert des produits pré-sélectionnés auprès d'un acheteur tiers. Ici, les producteurs de l'association vendent directement aux chefs de rayon du magasin et, certains jours dans l'année, ces producteurs sont même présents dans les rayons pour présenter aux clients leurs produit et leurs modes de production. Ce système s'avère également écologique dans la mesure où moins d'emballages sont utilisés, les sites de production étant situés à moins de 40 km et la distance de livraison est donc très courte, et la plupart des conditionnements, principalement des caisses, sont réutilisées.

 

Nous avons tous trouvé très intéressant leur association agriculteurs-distributeur. Nous pensons que l'idée de supprimer l'intermédiaire grossiste et maintenir les mêmes prix d'achat permet aux agriculteurs de bénéficier d'un vrai avantage financier – ils vendent plus cher avec moins de coûts. Les clients eux aussi gagnent avec des produits plus frais et vraiment locaux.  Ce n'est pas juste un « machin » pour attraper le paysan – c'est vraiment une nouvelle façon, plus équitable, de commercialiser des produits frais. Le fait que Leclerc l'a copié partout en France prouve que ça marche. 

 

Les produits sont très bien identifiés avec photo du fermier et description du produit – cela permet de développer des connaissances par les consommateurs et d'instaurer une certaine confiance. Nous n'avons pas vu beaucoup de différences entre les prix pour les produits locaux et ceux importés. Nous apprécions le fait qu'ils recyclent leurs emballages. Nous n'avons pas connaissance d'un tel partenariat en Grande Bretagne ou en Allemagne.  Proches de Williton et Wulften an Harz, nous voyons une très grande différence entre les supermarchés et les petits magasins qui sont les seuls à vendre des produits locaux – c'est une raison pour laquelle beaucoup des habitants de Williton s'opposent à l'implantation d'un supermarché dans leur centre-bourg.

 

Le point à souligner est le fait que les centres Leclerc sont franchisés, ainsi permettant des initiatives locales de ce genre ; les fermiers et les décideurs peuvent se parler facilement. On peut également se permettre de penser que les responsables du magasin vivent localement & qu'ils agissent en connaissance des souhaits des consommateurs aux alentours. La plupart des autres chaînes en France & Angleterre sont toutes des énormes sociétés multinationales & on peut difficilement imaginer qu'une telle organisation les intéresse. Nous sommes très préoccupés par la puissance d'achat des chaînes de supermarchés partout en Europe qui force les prix payés aux agriculteurs vers le bas. Par contre, le prix de l'essence monte régulièrement – les centres d'achat des grandes supermarchés seront tôt ou tard obligés à prendre des marchandises de producteurs plus proches du magasin, afin de réduire les coûts de transport. Le vrai problème est la présence sur des étals de nourriture d'origine non-européenne qui n'a pas été produite selon les mêmes réglementations que la nôtre – c'est une situation insensée.

 

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Ferme « la Vallière » à Neung sur Beuvron - 95 ha exploités en fermage par Arnaud et Isaline Corbeau qui l'ont repris des parents d'Arnaud.  A l'origine exploitation d'élevage bovin et de production laitière. Quand Arnaud en a hérité, il a opté pour les moutons et s'est vite décidé à se lancer dans la vente directe sur les marchés locaux. Pour ce faire, il a fallu que Isaline quitte son emploi dans le milieu de la restauration. Il a également fallu faire un investissement important pour la mise aux normes du bâtiment de boucherie et pour l'achat d'un étal réfrigéré. Les céréales récoltées sur l'exploitation servent uniquement à l'alimentation du bétail – ceci constitue une façon « verte » de maintenir les coûts bas, tout en garantissant la qualité de la nourriture.

 

C'est un choix que l'agriculteur doit faire. Il doit être prêt à consacrer une bonne partie de son temps au contact direct avec le public et il doit aimer ça ! Il doit accepter de faire des investissements pour préparer et présenter les produits. Il est vrai que ces agriculteurs sont souvent « piégés » par des changements dans les normes européennes, par exemple pour l'hygiène des étals. Cet impact dépend surtout de la manière dont fermier s'implique ou non dans cette activité de commerce. S'il va sur les marchés, il est considéré par les autorités comme vendeur professionnel et son équipement et ses vêtements doivent être aux normes. S'il reste sur sa ferme, les autorités sont souvent plus compréhensives : le public vient chez lui, et se trouve de son propre chef dans un lieu privé. L'avenir n'est pas serein pour ce nouveau type de jeune agriculteur, car il a sur ses épaules un poids conséquent de responsabilités, mais nous l'avons tous trouvé quand même optimiste. Il aurait certainement beaucoup plus de mal à survivre sans les aides communautaires.

 

 

Ferme « Chemignon » à Neung sur Beuvron - 63  ha exploités en fermage par Jean-Vincent Bonin qui l'a reprise de ses parents. Auparavant, la n'avait pas de spécialisation. A la reprise, Jean-Vincent a décidé de s'investir dans la production laitière avec un nouvel équipement de traite et d'ensilage. Comme Arnaud, il utilise les champs de la ferme pour produire l'ensilage pour ses bêtes. Il travaille exclusivement avec la laiterie de Varennes sur Fouzon, à 43 km de Neung sur Beuvron. Cette laiterie travaille beaucoup pour les groupe Danone et Lactel, les deux plus grands consommateurs de lait en France.  

 

Nos fermiers laitiers en Angleterre et en Allemagne sont exactement dans la même situation : ils reçoivent très peu d'argent pour leur production. De notre point de vue, seulement 45 vaches sur l'exploitation semble trop peu ; cela explique ses revenus moindre. La plupart des fermes similaires en Angleterre travaillent avec beaucoup plus de bêtes. Par contre, nous sommes conscients que c'est aussi une des raisons pour laquelle nous avons plus de problèmes de santé animale et plus d'endettement. Nous étions surpris que les blaireaux ne posent pas de problème – les vaches françaises sont vaccinées contre le tuberculose, ce qui n'est pas le cas à Williton où bien souvent les cheptels sont mis en quarantaine. Jean-Vincent n'est pas très optimiste pour l'avenir mais il est un « battant » et il s'implique dans des actions positives pour promouvoir le lait local, par exemple au sein du mouvement « j'aime le lait d'ici ». 

 

Ferme « la Petite Rivière » à Neung sur Beuvron - 45 ha exploités par la famille Berrué. Les filles ont pris la succession de leur père qui a crée cet élevage de petits gibiers (canards, perdrix et surtout faisans) en 1962. A cette date, l'exploitation comptait 12 ha – Mr Berrué a bien développé l'activité et les filles l'ont hérité avec 45 ha. Actuellement, les 3 associées y emploient 7 salariés. La spécificité de cette exploitation réside dans le fait de travailler sur tout le cycle d'élevage de ces oiseaux : gestion des couples, ramassage des oeufs, éclosion des poussins et élevage des jeunes en volières.  « La Petite Rivière » avait gagné une très bonne réputation dans la qualité de ses sélections – la neige de novembre 2010 a détruit tout cela, et elles doivent tout reconstruire.

 

Nous avons trouvé cette visite fascinante, car nous n'avons rien de comparable dans le Harz ou le West-Somerset. Sylviane est très passionnée par son métier et on voit bien qu'elle s'investit beaucoup pour la réussite de son entreprise. Nous pouvons facilement comprendre les dommages de la neige car à Williton nous avons eu exactement les mêmes problèmes – beaucoup d'arbres sont tombés. C'est très bien que les autorités locales vont aider ces élevages à se redresser. Néanmoins, Sylviane est très optimiste et positive pour l'avenir de « la Petite Rivière ».

        

Ferme « la Gaucherie » à Fontaines en Sologne – 100 ha exploités depuis 2 générations par la famille Guilloteau. Depuis plus de 30 ans, les Guilloteau ont décidé de se spécialiser dans la fraise. Leur chiffre d'affaire a été multiplié par dix, et Jocelyn Guilloteau désormais expert en création de nouvelles variétés.

 

Jocelyn Guilloteau a raison d'être fier de ce qu'il a accompli : en une génération il a fait de son petit village de Fontaines « LE » centre de culture et de vente des fraises de cette partie de la France. Son exploitation familiale a bien grandi et elle a été transmise à sa fille et son fils.

 

Nos avis sont partagés sur le nouveau système de culture hors-sol des fraises, en « jardins suspendus ». Plusieurs d'entre nous voient très clairement les avantages, notamment l'utilisation de moins de pesticides, et nous ne pensons pas que cela entraîne une différence de goût. D'autres ont un problème avec l'idée que les plantes ne soient pas en pleine terre, comme dans nos propres jardins. Les producteurs de fraises anglais utilisent ce système de plus en plus, à cause de notre climat imprévisible ; plusieurs d'entre nous vont cueillir les fruits chez eux, et ils sont bons ! Nous somme tous d'avis que cette méthode de cultiver n'enlève pas leur caractère local. Il n'y a pas de producteurs de ce type proche de Wulften am Harz. Nous trouvons dommage qu'en Allemagne la seule identification fournie en magasin soit le pays d'origine : « Espagne » d'abord et « Allemagne » plus tard dans l'année ; nous ne savons pas précisément de quelle région ou de quelle ville ces produits proviennent.

 

Marché aux Fraises « le Cadran » à Fontaines en Sologne  - groupement de 27 agriculteurs locaux spécialisés dans la fraise qui s'est constitué voici 30 ans afin de créer ce marché en enchères inversées, système inspiré des cadrans bretons du choux-fleur et de l'artichaut. Ce marché traite un volume de plus de 10 millions d'euros en chiffre d'affaires annuel, avec un nombre d'acheteurs limités, car conventionnés par un dépôt de garanti, presque tous des grandes surfaces. 

 

Le système du cadran est une super idée pour prendre le marché au moment où les producteurs du sud de la France sont en train de terminer leurs ventes. Par contre cette année, avec un printemps très précoce, les fermiers liés au cadran ont été contraints de baisser leurs prix pour suivre la tendance du marché national, déjà saturé. Il se pourrait que les producteurs qui vendent plus localement aient mieux tiré leur épingle du jeu.

 

Nous trouvons que ceux qui ont crée ce marché était des visionnaires : leur plan était intrépide. L'idée d'utiliser le système d'enchères inversées est géniale : cela assure que tous les lots soient achetés dans un court laps de temps.  Nous ne connaissons pas d'équivalent proche de Wulften an Harz, par contre dans le South Devon, pas très loin de Williton, il y a la société Riverford Organics qui a bâti tout un système de distribution de caisses de fruits et légumes bio selon un format pré-défini. Il est semblable au Cadran de Sologne dans la mesure où un groupement d'agriculteurs ont institué leur propre façon de commercialiser leur production avec un grand succès financier.

 

 

Rencontre avec monsieur Jean-Pierre Guémon, maire de la Ferté Beauharnais : Monsieur Guémon a présenté le nouveau projet de créer une halle des producteurs. Ce projet consiste à créer une association regroupant dans un même lieu plusieurs agriculteurs souhaitant vendre leurs propres produits, de préférence avec une grande variété de produits, directement au public. Il est prévu de bâtir un local spécifique entièrement conforme aux normes en vigueur, qui sera placé dans l'enceinte de la société « les Jardins de Sologne » dans la commune. L'idée consiste également à développer une dynamique autour de de cette société, déjà attractive, en ajoutant une offre complémentaire de service et de produits. L'association a déjà été crée et le financement du projet est actuellement à l'étude au niveau de la Communauté de Communes, au sein de laquelle il doit être débattu l'intérêt de l'inscrire au programme LEADER+.

 

Cela pourrait marcher s'ils trouvent assez de fermiers intéressés. Ce n'est forcément pas pour quelqu'un comme Arnaud Corbeau qui est déjà installé, ni pour un des partenaires de Leclerc – cela ne pourra intéresser que ceux qui n'ont pas déjà opté pour un système de vente directe et qui ont actuellement du mal à vendre leurs produits au prix souhaité. Nous comprenions qu'ils ont l'intention d'embaucher un permanent responsable de la vente sur place ; cela nous semble une bonne idée, car en l'absence de cette personne, les fermiers seront obligés de venir à tour de rôle pour tenir la boutique.

 

Nous trouvons le principe génial. Nous trouvons qu'il serait juste que l'argent local, régional, national et européen soit utilisé pour aider le démarrage d'une initiative comme celle-ci. Il s'agit d'un projet nécessaire au soutien de l'activité économique locale. Il nous semble très avantageux à la fois pour les vendeurs, et à la fois pour les clients, surtout que ce marché sera situé sous abri. Pas loin de Williton, il existe des lieux de vente similaire pour les fermiers, qui sont tous en extérieur, ce qui nous semble moins bien. Sur les marchés proches de Wulften am Harz, il existe des paysans qui viennent de bien plus loin mais toujours dans notre Land de Basse-Saxe pour vendre des produits qui ne poussent pas dans le Südharz, comme les asperges. Nous espérons que ce genre d'initiative permettra aux agriculteurs d'obtenir un meilleur revenu pour leurs produits qu'avec la vente auprès des intermédiaires.

 

Seul bémol potentiel : à Minehead, à 20 km de Wiliton, s'est organisé un marché similaire avec 14 fermiers locaux ; Or, suite aux changements dans la réglementation (mise aux normes des étals, etc) 3 ans après, 10 d'entre eux ont été obligé d'arrêter car ils avaient déjà affaibli les investissements dans leur propre ferme pour acheter l'équipement nécessaire à la vente directe. L'équipement étant devenu vite obsolète, ils ont dû choisir entre se remettre aux normes et recommencer, ou investir sur leur exploitation. C'est bien évidemment vers cette dernière option, prégnante, qu'ils se sont tournés, et on ne les a plus jamais revus sur le marché. Toutefois, cette initiative de la Ferté Beauharnais est excellente – elle mérite d'être menée jusqu'à sa réalisation, mais en gardant les yeux bien ouverts pour faire pouvoir face à ce genre de piège ! 

 

 

Rencontre avec monsieur Jean-Marie Janssens, vice-président du Conseil Général du Loir et Cher, responsable de l'agriculture – Monsieur Janssens a lui-même été éleveur de bovins, et connaît ainsi plutôt bien ce secteur d'activité. Il a d'abord souligné l'énorme variété de la production agricole dans notre département : céréales, bovins, ovins, caprins, porcins, lait et fromages, fruits et légumes, gibier, sans oublier le vin – tout y est, ou presque.  Il a noté que les départements français n'ont pas tous de service pour l'agriculture ; pour le Conseil Général du Loir et Cher cela allait de soi, et depuis longtemps.  Monsieur Janssens cite 2 actions en exemple, pour lesquelles l'aide apportée a été primordiale : 1) l'hiver dernier a été très rude et la neige du mois de novembre a été dévastatrice sur les infrastructures des élevages en extérieur du gibier – sans l'intervention de Claude Beaufils, le conseiller général du canton, pour alerter l'opinion public et instaurer une aide rapide, ces exploitations auraient fait faillite ; 2) la nécessité d'aider des jeunes fermiers à s'installer. Monsieur Janssens a souligné que les programmes européens, notamment LEADER+, constituent un indispensable soutien aux nouvelles activités et aux initiatives locales.  

 

Monsieur Janssens n'a pas exagéré quand il parlait du soutien donné, ni des aides aux jeunes agriculteurs – c'est un fait et pas depuis hier ; nous sommes très bien soutenus dans le Loir et Cher depuis plus de 40 ans. Cela n'est pas lié au fait qu'une partie du département se trouve en Beauce – il existe aussi des départements avec une aussi forte activité agricole dans lesquels le soutien aux agriculteurs est moindre. Comme toujours, c'est une question d'hommes : les responsables au sein du Conseil Général qui se sont succédés jusqu'à Monsieur Janssens ont toujours maintenu un haut niveau de travail, mis en place par leurs prédécesseurs.

 

Globalement, nous pensons qu'il est très important que puisse exister ce genre de contact à un niveau situé au plus proche des agriculteurs – à la condition que les personnes impliquées connaissent le terrain !  Nous pensons qu'il est important que l'argent public soit utilisé pour soutenir les fermiers – surtout les jeunes débutants – mais seulement si des études sérieuses sont d'abord menées pour estimer la viabilité de l'exploitation et avoir une avis sur la personne concernée. Du point de vue anglais, la France semble mieux soutenir financièrement les jeunes agriculteurs débutants. Il semble aussi qu'il y a plus de techniciens spécialisés pour donner des conseils pertinents aux besoins locaux.  Par contre, il ne suffit pas de simplement encourager les fermiers à mieux vendre – il faut que le public soit prêt à acheter autrement, ce qui en période de vache maigre n'est pas facile ! Le public français paraissent avoir un bien meilleur compréhension de l'agriculture et de soutenir les fermiers. Par contre, partout en Europe les réglementations et les coûts élevés d'essence, des terres et des machines rendent le travail de plus en plus difficile. Par exemple, nous étions très étonnés de voir que le prix des tracteurs, même d'occasion, est bien plus élevé qu'en Grande-Bretagne – au moins 30% de plus.

 

Éléments de l'Exposition sur le passé et avenir de l'agriculture – en place dans la salle municipale du stade ouvert à tous pour la journée entière du mercredi 13 avril.

Les nouvelles étiquettes européennes sur l'origine protégée « AOP » & « IGP » . L'exposition expliquait l'utilisation des étiquettes et montrait lesquels pays de l'EU en ont enrégistré le plus (L'Italie, puis la   France – l'Allemagne est N°6 et la Grande-Brétagne est actuellement N°7 avec beaucoup moins de produits enrégistrés – mais ils vont nous rattraper car ils ont déposé beaucoup de demandes d'approbation pour des produits britanniques) :   Il est nécessaire de protéger l'individualité des produits. Les consommateurs devraient savoir plus sur ce qu'ils achètent. De cette façon les produits ne peuvent pas être copiés d'une façon moins chère, et restent donc spécifiques. Nous pensons que, dans le plupart des cas, le producteur et le consommateur sont gagnants tous les deux.

 

La campagne des éleveurs laitiers de France «  j'aime le lait d'ici » . Cette concerne un réseau de laiteries qui garantissent que le consommateur achète un lait qui vient des fermes et laiteries de la région – dans le cas de Neung sur Beuvron, le laiterie qui y vend le « lait d'ici »  est à 43 km. : Tout ce qui soutient une économie plus locale doit aider. Tout ce qui permet de réduire les distances de transport est bon. Les consommateurs aiment l'idée d'acheter un produit qui est réellement local. Tout cela ne garantit pas que le projet sera une réussite mais, s'il marche, ce sera une très bonne chose ! 

 

 

Visite du Marais de Bourges le vendredi 15 avril – ces 135 ha de terrains anciennement inondables et depuis le 17e siècle transformés en jardins maraîchers sont aujourd'hui exploités par 534 membres d'une des plus grandes associations de jardins familiaux de France.

 

Il n'existe pas de jardins familiaux ni à Neung sur Beuvron ni à Wulften am Harz, dans lesquels chacun dispose d'assez de place pour produire ses propres fruits et légumes. Par contre, on en rencontre dans les villes environnantes comme Göttingen, par exemple, avec l'association des « Kleingärtner e.V. Göttingen », et ici à Bourges, dans le marais. Les jardins du marais sont pour la plupart de la même taille que les Schrebergärten allemands et les allotments anglais, et, comme eux, sont surtout utilisés pour cultiver des légumes. Les Wulftener ont tout de suite remarqué une grosse différence avec les Schrebergärten : les jardins ici ne sont pas séparés par des clôtures ! Nous avons quand même bien noté qu'ils sont également simplement utilisés pour se détendre dans un beau cadre fleuri. La proximité d'autant de cours d'eau rend ce site exceptionnel de toute façon – les jardins ne font que l'embellir d'avantage.

 

En Angleterre, il existe une loi qui oblige les villes à fournir un terrain si au moins 6 familles sont demandeuses ; à Taunton, par exemple, les autorités du Borough Council gèrent 8 terrains pour les « allotments » sur tout le territoire du Taunton Deane. Ceci est particulièrement important dans le contexte national britannique où, contrairement à la France et à l'Allemagne, des particuliers n'achètent pas un terrain afin d'implanter leur maison ; des blocs de plusieurs maisons sont construits par un promoteur, puis mises en vente. La pression pour créer plus d'habitations sur un même espace mène inévitablement à la réduction de la taille des jardins, voire à leur élimination. À Williton, le conseil ne trouvait pas de moyen pour mettre un terrain à la disposition de la population. L'association des jardiniers a donc été obligée de s'entendre directement avec un propriétaire local pour louer un champ et y installer leurs 24 allotments. Le travail a débuté en 2007 – maintenant il existe une liste d'attente pour devenir membre, et les jardiniers cultivent une très large variété de fruits et de légumes. 

 

Conclusion

 

Cette question d'agriculture est un tout : le jeune agriculteur ne peut pas démarrer s'il n'est pas correctement formé, informé et aidé. Il ne peut  survivre grâce à ses ventes que si les prix sont corrects – cela sous-entend une vente directe ou une bonne entente avec un grossiste, une laiterie ou un centre commercial. Les professionnels de la vente ne peuvent s'engager que s'ils sont confiants dans le fait que les clients les suivront dans leur choix de privilégier un producteur local. 

 

Nous sommes en train de vivre un tournant dans la roue des âges : la génération qui a connu la guerre faisait son jardin et préparait la cuisine avec des produits frais. La génération d'après-guerre voulait se libérer de ces tâches et préférait des produits prêts à l'emploi tels les surgelés. Mais, de nos jours, nous constatons que les jeunes Français et Anglais reviennent à la culture de leurs propres légumes et achètent des produits locaux sur les marchés, soucieux de la qualité et de l'origine des produits. Nous pensons que dans ce nouveau contexte, le fermier local a une bonne opportunité de survivre.

 

L'acteur principal reste tout de même le consommateur. Il ne peut faire les bons choix que s'il est informé et éduqué. Les étiquettes européennes, les actions d'information de distributeurs tels que Leclerc, les initiatives locales de développement dans le cadre du programme LEADER+ pour mettre directement en contact les consommateurs avec les producteurs, ces actions constituent le meilleur moyen d'assurer à nos agriculteurs un meilleur avenir.

 

 

 


Ont contribué à ce rapport : Graham & Sheralynn Bigwood, Marilyn Binding, Jean-Vincent Bonin, Jean-Yves Bonin, Arnaud & Isaline Corbeau, Dominique Coutan, Jean-François Girard, Ines Goesmann, Ann Hutchinson, John & Lyn Lapham, Tony Lark, Rob & Lois Mayes, Bryan & Linda McGwyer, Ina Müller, Gaby Münch, Sigrun Münter, Janet Sansom, Eric Schreiner, Sylviane Sibiluisky, Robin & Helen Stamp.

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